Une longue route

Le chemin vers la parentalité peut être long et ne se termine pas toujours comme prévu. Partageant les rebondissements qui ont accompagné son espoir de devenir mère, F nous raconte ce qu'elle aimerait que les autres femmes apprennent de son expérience.

Écoutez F et ce qui l'aurait aidée sur son chemin

« Je ne suis pas une maman, mais je garde espoir. Ce voyage n’est pas terminé. »

transcription

Je cherche encore le soutien approprié dans tout cela. J’aimerais beaucoup parler à des femmes qui sont passées par là et dont la vie a suivi un parcours similaire au mien.

Je vais vous parler des problèmes que j’ai rencontrés au cours des dix dernières années en essayant de tomber enceinte. J’ai essayé plusieurs méthodes pour avoir une grossesse et ma démarche m’a apporté un soutien que j’ai trouvé utile, mais aussi de nombreux échecs. Dans ma communauté, quand on se marie, on fonde une famille. C’est ainsi que mon histoire commence. Je me suis mariée tardivement et je savais que je ne devais pas perdre de temps pour être enceinte. J’ai voulu consulter un·e médecin spécialiste de la fertilité pour être sûre. Ma spécialiste du VIH a toujours été d’un grand soutien. Elle m’a soutenue dans mon projet de grossesse et m’a dit : « Oui, je suis d’accord, vous devriez consulter un·e médecin spécialiste de la fertilité. Je vais m’occuper du rendez-vous et je vous soutiendrai du mieux que je pourrai. »

Il y a eu beaucoup de tests et j’étais nerveuse lorsque j’ai commencé à voir le spécialiste de la fertilité. Après avoir effectué le dépistage, le médecin m’a dit : « D’après les tests, la qualité de vos ovules est médiocre. Cela est dû en partie à votre âge. Il existe des options pour vous aider à concevoir. » C’était la nouvelle que je redoutais, même si je priais pour que tout se passe bien. Je ne voulais pas abandonner et j’ai continué à voir le spécialiste de la fertilité. Mon mari n’était pas favorable à cette démarche. Il était cependant ouvert à l’idée de fonder une famille. Nous étions un couple sérodifférent et c’était avant l’information I=I. La recommandation était d’envisager l’insémination à domicile. Je ne suis jamais devenue enceinte avant la fin de notre relation.

Le temps a apporté un nouvel amour dans ma vie. Je me suis remariée et mon nouveau mari m’a appuyée beaucoup plus. Il a accepté que l’on consulte un médecin spécialiste de la fertilité. Nous avions tous les deux des troubles de fertilité. Le médecin nous a expliqué que la meilleure solution serait de recourir à la fécondation in vitro (FIV). La FIV est encore comme un éléphant dans la pièce. On ne peut pas en parler ouvertement avec nos ami·e·s. J’en parle davantage avec ma famille, mais encore là, je n’aime pas trop ça. Il est difficile de trouver du soutien. J’ai beaucoup réfléchi à ce manque de soutien formel. Ce n’est pas comme auprès d’un organisme en VIH, où l’on peut aller parler à un·e travailleur·euse social·e. Il n’y a personne à qui parler lorsque l’on est en train d’envisager une FIV.

Nous avons commencé par l’insémination. Mais cela n’était pas destiné à fonctionner. Nous étions prêts à essayer la FIV. Je me suis sentie tellement chanceuse lorsque mon test de grossesse s’est révélé positif après notre première série de FIV. Les premières semaines, tout allait bien, mais à sept semaines de grossesse, j’ai fait une fausse couche. J’étais effondrée, mais mon désir de devenir mère était plus fort que ma tristesse. Comme notre première tentative avait réussi, j’espérais que nous pourrions concevoir à nouveau. Malheureusement, la chance n’était pas de notre côté.

La maternité semblait de plus en plus hors de portée. Peut-être était-il temps d’abandonner? J’avais un mari qui me soutenait et que j’aimais. J’avais une vie bien remplie. Je me suis dit : « Tu n’es pas obligée d’être mère. » Mais je n’étais pas prête à abandonner. Nous avons consulté de nombreux médecins et fait de nombreux examens. On nous a toujours dit la même chose : « Si vous voulez concevoir, utilisez des ovules d’une donneuse. »

Je ne suis pas une maman, mais je garde espoir. Ce voyage n’est pas terminé. Vous vous demandez peut-être comment je peux encore avoir de l’espoir. Je crois que c’est Dieu qui a le dernier mot. Ma foi entretient mon espoir. Dans ma religion, les ovules de donneuses ne sont pas une option. Même si c’était le cas, je n’ai pas l’impression que c’est la bonne solution pour moi. En ce moment, nous essayons de nouvelles choses comme l’acupuncture et les herbes. Je veux un·e enfant, mais si je ne deviens pas mère, ça ira. Je ne serai ni la première ni la dernière.

Je cherche encore le bon soutien dans tout cela. J’aimerais beaucoup parler à des femmes qui sont passées par là et dont la vie a suivi un parcours semblable au mien. J’ai commencé à parler à d’autres femmes par l’intermédiaire de groupes Facebook, et ça m’aide, mais ce n’est pas suffisant. J’aimerais également que d’autres femmes connaissent mon histoire si cela peut les aider. Personnellement, j’aurais aimé en savoir plus sur la fertilité et le vieillissement alors que j’étais plus jeune. J’ai appris qu’il est important de planifier et de garder des options ouvertes pour soi en tant que femme. J’ai l’impression qu’il n’y a pas assez de femmes qui pensent à préserver leur fertilité. Lorsque je pense à mes paires – les autres femmes de ma communauté – elles ne connaissent pas les options telles que la congélation d’ovules en attendant de rencontrer le bon partenaire. Si votre histoire ressemble à la mienne – arriver dans un nouveau pays et découvrir que vous avez le VIH tout en étant célibataire –, vous pouvez penser que toutes vos occasions de devenir parent sont perdues. Vous vous sentez possiblement coincée, mais ce n’est pas une fatalité. Il existe des options. Si vous n’êtes pas prête, si vous attendez la bonne personne, faites congeler vos ovules. C’est une chose que j’aurais faite. Renseignez-vous sur toutes les options qui s’offrent à vous et n’abandonnez jamais. Seul l’avenir nous dira comment se terminera mon voyage. Même si j’ai essayé de rester optimiste, d’espérer le meilleur, ce voyage est long et j’y ai connu des hauts et des bas. Cela aurait été plus facile si j’avais pu communiquer davantage avec des organismes en VIH et avec des paires qui auraient pu me faire part de leurs expériences. J’aurais également aimé pouvoir trouver plus facilement des informations destinées aux personnes vivant avec le VIH qui souhaitent fonder une famille. J’ai l’espoir que ma longue route aidera quelqu’un d’autre à suivre un chemin plus facile.